Baptême du Fils de Dieu

Fille et Fils de Dieu

Car vous êtes tous enfants de Dieu par la foi qui vous lie à Jésus Christ. 

Galates 3,26 (NFC)

Cette affirmation est fondamentale pour moi. Elle fait écho à une autre affirmation, que l’on retrouve dans les évangiles : « Tu es mon fils bien-aimé ; en toi je trouve toute ma joie » (Marc 1,11).

Peut-être connaissez-vous ces phrases comme liées au contexte du baptême. C’est là qu’on aura sans doute le plus de chance de les entendre. Les deux versets que je viens de citer renvoient d’ailleurs à ce contexte. Mais ces mots ne sont pas enfermés dans cette fête et dans cet événement : ils mettent en lumière l’ensemble d’une vie, ils lui donnent une orientation très précise.

Un écho dans ma vie

Dans un article précédent j’écrivais « Récemment j’ai découvert en profondeur ce que ça veut dire que d’être enfant, ou fils de Dieu. » (De Heal à Tank)

Dans une bonne partie de mon récit de vie, je suis quelqu’un de profondément angoissé : peur de décevoir, peur de déplaire, peur d’être rejeté, peur de ne pas être aimé ou aimable. Il faut « faire juste », il faut que ce soit « parfait » du premier coup – pas le droit à l’erreur.

Comment faire preuve d’initiative ? Comment dire « non » à quelque chose que je n’accepte pas, qui ne me semble ni juste, ni bon, ni beau? Sous ces conditions, je n’ai pas non plus le droit de renoncer à une tâche, à un engagement qu’on me propose. C’est quelque chose d’assez handicapant – surtout si par ailleurs j’ai des pulsions de créativité, un désir de cohérence et de justice, ainsi qu’un désir de compréhension des personnes et des réalités qui se présentent à moi.

Il y a deux ans encore, dans le contexte de l’organisation d’un colloque et de mon engagement dans divers choses pour la théologie, ces dispositions me tourmentaient fortement.

Mais je n’avais, je n’ai et je n’aurai pas à y rester enfermé.

Au tournant

Je veux remercier ici les personnes qui m’ont accompagné dans la découverte de ma propre capacité d’action et de ma dignité fondamentale. Mais je suis aussi fondamentalement reconnaissant de pouvoir faire mon travail en théologie, de me frotter continuellement à des textes qui annoncent un autre message que celui de mon enfermement dans l’angoisse.

Par la foi au Dieu révélé en Jésus-Christ, je découvre que je suis encore tout autre chose que ce que j’ai pu expérimenter de moi-même jusque là. Et je découvre aussi que je suis fondamentalement tout autre chose que ce que j’ai pu penser de moi, que ce que je peux penser de moi, que ce que je pourrai encore penser de moi à l’avenir. Je suis infiniment plus digne que toute la dignité que moi-même ou une autre personne peut m’attribuer.

Par la foi, je peux entendre que je suis Fils de Dieu, que je participe de l’héritage de Jésus-Christ.

Ce que ça ne veut pas dire

C’est une grosse affirmation qui peut prêter à passablement de confusion. « Être Fils de Dieu », ce n’est pas quelque chose que l’on possède – c’est quelque chose que l’on entend et que l’on reçoit à vivre, parce qu’un autre nous l’a dit, nous le dit et nous le dira.

Être Fils de Dieu,

  • ne me rend pas immortel. Je vais aussi mourir.
  • ne légitime aucun orgueil. Ma dignité ne surpasse pas et ne surpassera jamais celle des autres.
  • ne veut pas dire que « je fais ce que je veux ». Je suis soumis au triple commandement d’amour (Matthieu 22,36-40) et au service qu’il implique.
  • ne me rend pas « intouchable ». Je suis responsable de mes erreurs, du mal que je fais – que ce soit consciemment ou non.
  • ne fait pas de moi autre chose qu’un être-humain. Je ne suis pas « Dieu ».
  • n’annule pas le fait que j’ai grandis dans une famille précise, dans une culture précise, dans un pays particulier, etc. Je ne peux pas nier mon contexte.

Ce que ça veut dire

D’un autre côté, cette affirmation – ce don ! – a un impact très concret. Croire que cette parole est vraie – ce qui veut dire, croire que Dieu s’est révélé, se révèle et se révélera en Jésus-Christ – ça change tout.

Être Fils de Dieu veut dire que

  • J’ai une sphère de responsabilité qui m’est propre. Dans cette sphère je n’ai pas besoin de la validation d’autrui pour agir et décider. Je peux poser des actes et des décisions, parce que Dieu me le permet.
  • L’identité contextuelle qui m’est donnée à la naissance n’a pas le dernier mot sur qui je suis. Il en va de même pour celle qui m’est donnée dans mon parcours de vie Dieu et personne d’autre a le dernier mot sur mon identité personnelle.
  • J’ai toujours la possibilité de dire « non » à quelque chose. Ce qui veut dire que j’ai aussi la possibilité de dire authentiquement « oui » à quelque chose. Parce que Dieu a clairement dit son « non » et son « oui » en Jésus-Christ.
  • Je suis intrinsèquement aimé et aimable. Je peux aimer, parce qu’en Jésus-Christ il m’est dit et que je vois que Dieu m’a aimé, m’aime et m’aimera.
  • Je peux vivre et accueillir mes émotions, la complexité et les contradictions de ma personnalité. Parce que Jésus-Christ les a vécu et qu’il est Fils de Dieu.

Ces éléments me portent et m’accompagnent dans ma vie de tous les jours.

Cette création est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Paternité 4.0 International.

1 réflexion sur “Fille et Fils de Dieu”

  1. Jean-Pierre Thévenaz

    Merci Elio. Tes 5 possibilités positives ouvrent des portes, tes négations ferment fort bien des impasses. Reste à entendre mieux ce qui t’est déjà donné, pas seulement possible. Car Fils = Héritier! De quoi? De quelle Autorité, par ex., et sur l’entier du monde? Sauveur, ou seulement sauvé?

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