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Discernement théologique en Eglise. La décision ecclésiale

Une décision en Eglise est essentiellement un acte d’obéissance : elle est une mise en oeuvre de la mission qu’elle reçoit de Dieu. Vu que cet acte d’obéissance est aussi un acte de liberté, un discernement théologique doit accompagner les décisions ecclésiales.

Définition dogmatique de L’Eglise

Traditionnellement, la théologie protestante se réfère à l’article 7 de la Confession d’Augsburg (1530) quand il s’agit de penser la définition de ce qu’est l’Eglise :

L’Eglise est l’assemblée des saints, dans laquelle l’Evangile est enseigné dans sa pureté et les sacrements sont administrés dans les règles.

André Birmelé et Marc Lienhard (éds.), La foi des Eglises luthériennes, Paris-Genève, 1991, p. 46

« Assemblée des saints » désigne l’assemblée de ceux qui, par Jésus-Christ, sont dans la présence de Dieu – la « sainteté » étant ce qui est particulier à Dieu. Depuis Augustin, une grande partie de la théologie chrétienne insiste sur le fait que l’Eglise est un « corps mélangé » (corpus permixtum) et qu’il n’appartient pas aux autorités humaines d’essayer de la « purifier ».

La mission de l’Eglise est d’annoncer l’Evangile, car c’est en lui qu’est donné et qu’agit le Dieu qui sauve. On dit parfois que l’Eglise est créature de la Parole (creatura verbi) L’Evangile est un acte de communication de Dieu envers le monde et l’Eglise par son service concret rend témoignage de cet acte, car c’est lui qui la constitue premièrement. L’Evangile se résume à un nom et une personne : Jésus-Christ.

La théologie protestante récente insiste particulièrement sur le statut de « témoin » : le « témoin » n’est pas cellui qui fait, mais cellui qui atteste de ce qui s’est passé et qui en annonce la vérité. En ce sens, l’Eglise est toujours « témoins » de l’Evangile et non l’Evangile-même. Elle insiste également sur la dimension communautaire, sociale et institutionnelle de l’Eglise.

La décision ecclésiale

La responsabilité de l’Eglise est délimitée par son obéissance à la mission qu’elle reçoit de Jésus-Christ lui-même. La Pentecôte marque le début de cette mission :

6 Ceux qui étaient réunis auprès de Jésus lui demandèrent : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétabliras le règne pour Israël ? » 7 Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de savoir quand viendront les temps et les moments, car le Père les a fixés de sa seule autorité. 8 Mais vous recevrez une force quand l’Esprit saint descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde. »

Actes des Apôtres 1,6-7 (NFC)

Toute décision de l’Eglise doit servir la mission qui est constitutive de son existence. La reconnaissance de cette mission est constitutive de sa capacité décisionnelle. C’est seulement sous ces conditions qu’elle sera un acte d’obéissance et qu’elle engagera réellement sa responsabilité.

Dans le contexte de cette mission, l’Eglise dispose d’une importante marge de décision et d’action : les seules institutions qu’elle reçoit en tous temps sont celles de la Cène et du Baptême. Pour tout autre institution, elle est tenue responsable des dispositifs qu’elle adopte avec le concours de l’Esprit-Saint. La mise en place de tels dispositifs est nécessaire – car l’Eglise est soumise à la Loi – mais leur forme concrète n’est jamais définitive.

Les Principes Constitutifs de l’Eglise Evangélique Réformée du canton de Vaud, sur la base de ce qui vient d’être dit, cadrent son dispositif institutionnel de la manière suivante :

Selon la Constitution cantonale et la Loi ecclésiastique, qui respectent sa liberté spirituelle et garantissent sa liberté d’organisation, elle est reconnue par l’Etat comme une institution de droit public. Elle collabore au bien de tous.

Principes Constitutifs, article 4

Ainsi, la responsabilité de l’EERV se constitue à partir de trois horizons distincts : (i) la mission qu’elle reçoit du Christ (article 1 des principes constitutifs) ; (ii) sa forme institutionnelle reconnue publiquement et légalement ; (iii) son organisation interne, régie par les règlements dont elle s’est dotée avec l’aide de l’Esprit-Saint et en dialogue avec la reconnaissance publique.

Théologiquement, l’obéissance à sa mission prime sur sa reconnaissance publique. Mais ces formes d’engagements concrètes peuvent aussi faire partie de sa mission.

Le discernement théologique

Les décisions prises par l’Eglise, dans le cadre qui vient d’être esquissé, sont des actes de sa liberté. Ces décisions seront toujours une réponse à sa mission et donc un acte théologique. La décision ecclésiale est la mise en oeuvre du témoignage rendu à l’Evangile dans le monde.

Dans cette perspective, le discernement théologique accompagne la décisions ecclésiale. Son but est de permettre que celle-ci soit un acte d’obéissance à la mission qui est la sienne – sans quoi l’Eglise cesserait d’être Eglise.

Il s’effectue en fonction des coordonnées concrètes de l’existence ecclésiale à un moment donné. Les formes de décisions institutionnelles officielles font partie de ces coordonnées.

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