Le motif de la conversion

Message pour la capsule La paroisse vous rend visite

24.04.2020 révisé le 28.06.2020


Au tournant

Le monde semble un peu différent

Cela fait un petit moment que l’on peut entendre des personnes affirmer la chose suivante : « il y aura un avant et un après Covid-19 ». 

  • Avant le COVID-19 nous travaillions d’une certaine manière, après le COVID-19 nous travaillerons d’une autre manière. 
  • Avant le COVID-19 nous passions peu de temps à la maison, après le COVID-19 nous ferons autrement. 
  • Avant le COVID-19 nous subissions une certaine routine, après le COVID-19 nous nous sommes réinventés.
  • Avant le COVID-19 nous ne prêtions pas attention aux gestes d’hygiènes, après le COVID-19 nous le faisons.

Chacun peut certainement trouver pour soi des exemples de ces différents avant/après.

Je dois vous avouer que cette manière de parler du changement me laisse un peu songeur. Quel en est la cause ?

Une conversion

Il y a un avant et un après « Covid ».

Si on le prend à la lettre, c’est le virus qui aurait provoqué ce changement. Après la confrontation avec le virus, on se tourne vers autre chose, on regarde la vie autrement, on souhaite agir autrement.

On pourrait presque parler de conversion.

Le mot est trop fort ?

Pour certains.es, le virus, ou la situation imposée par le virus, a ouvert sur une autre vie, une vie transformée, une vie qui semble « meilleure », où l’on voit les choses différemment et où l’on agit autrement.

En ce qui me concerne, j’ai constaté que je ne souhaitais plus m’engager dans des activités qui pouvaient être annulées d’un claquement de doigts. Quel est le sens d’une activité dont l’annulation ne semble porter conséquence à quoi que ce soit?

Après le COVID-19, j’engagerai mon énergie dans des activités dans lesquels je trouve un sens pour lequel je suis prêt à m’engager, au-delà du fait de simplement faire ce qui semble être attendu.

Mais qu’est-ce qui est à la source de cette conversion ?

La motivation

Ce qui me questionne dans ce discours sur le changement c’est d’identifier le COVID-19 comme la cause du changement. Dans ce discours, il apparaît comme le facteur de motivation.

Si on considère que c’est le COVID-19 qui a provoqué le changement, alors nous nous sommes convertis sous la contrainte.

Quelle durabilité aux changements consentis sous la contrainte ?

On le sait : une fois que la pression est passée, les souhaits de changement passent aussi.

De plus, nous sommes inégaux face à la contrainte. Certains changements semblent agréables. D’autres ont un goût amer : ceux qui étaient à la limite de la précarité y entrent franchement. Ceux dont le travail repose sur la stabilité sociale sont sur la sellette (monde de la culture et tourisme).

Je crois par contre qu’une conversion est possible et réelle : la conversion qui vient du contact avec Dieu.

Pas n’importe quel Dieu, celui qui se rend présent dans le monde, dans notre humanité.

Converti par Dieu

Pour ma part j’espère qu’une conversion réelle est possible parce qu’il y a un avant/après Jésus.

Encore faut-il comprendre ce que l’on veut dire par là…

Vous avez entendu parler de la façon dont je me comportais quand j’étais encore attaché à la Loi et aux coutumes juives.

Vous savez avec quelle violence je persécutais l’Église de Dieu et m’efforçais de la détruire. Dans la pratique de la Loi et des coutumes juives, je surpassais la plupart de ceux de mon âge appartenant à mon peuple ; j’étais beaucoup plus zélé qu’eux pour les traditions de nos ancêtres.

Mais Dieu, dans sa grâce, m’a choisi dès le ventre de ma mère et il m’a appelé à le servir.

Epître aux Galates 1,13-15 NFC

Avant de rencontrer le ressuscité sur le chemin de Damas, Paul persécutait ses disciples. Après l’avoir rencontré, il devient lui-même porteur de la Bonne Nouvelle.

Cette conversion on ne peut pas la provoquer. Elle nous tombe dessus, à un moment donné dans notre vie. Une personne peut l’attester.

Si à un moment on atteste d’un changement, disant « maintenant ce ne sera plus comme avant », on est invité à se mettre à la recherche de ce qui a provoqué ce changement.

Plutôt que de choisir la facilité et de mettre le focus sur la contrainte, approfondir le moment du changement et identifier ce qui l’anime.

Chercher non pas le mal qui a tué, qui tue et qui tuera encore, mais la personne, la rencontre, l’événement qui vous fait sentir la vie dans ce changement, qui aura mis la vôtre en mouvement, qui l’aura transformée.

Ce qu’on trouvera dans cet approfondissement ne peut être prédit par avance. Ce sera différent pour chacune et chacun. Mais ma foi y espère quelque chose.

Rencontrer le Vivant

Pour la foi chrétienne, à chaque fois qu’une telle chose arrive, un changement favorable, une conversion, c’est Jésus-Christ qui nous rencontre.

L’histoire de Jésus qui est annoncée dans les évangiles : sa naissance, sa vie, sa mort et sa résurrection, tout cela nous sert de guide pour discerner cette rencontre avec le Vivant dans notre propre vie.

Une conversion aux effets durables vient de la rencontre en chair et en os du Dieu vivant, celui qui assume de mourir comme nous, mais qui nous relève de toutes nos morts.

Pouvoir accompagner Dieu dans cette mort, c’est la condition pour le changement durable, qui dépasse toute contrainte, qui dépasse les angoisses de l’opposition entre la vie et la mort.

Celui qui voudra garder sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera

Evangile selon Matthieu 10,39 NFC

Alors dans mes manières de parler de cette rupture entre un « avant » et un « après », je souhaite discerner la présence du Vivant, et pas simplement la contrainte d’un virus un peu plus fort que notre économie ou que notre système de santé.


Seigneur,

Merci de faire de chaque instant l’occasion de te rencontrer, même dans la mort.

Merci, parce que tu en fais l’occasion pour nous transformer, nous changer, nous mener vers une vie meilleure, une vie pleine pour laquelle on a envie de s’engager. 

Esprit-Saint soutiens-nous,

Inspire-nous des mots qui témoignent de la vie et non de la mort,

Inspire-nous des gestes libres et généreux, non des gestes contraints et obligés

Inspire tous les gens de ce pays et de ce monde, viens les rencontrer et les faire rayonner de ta vie, comme tu le fais pour nous.

Amen  


Retrouvez d’autres messages de la paroisse réformée de Vufflens-la-Ville sur youtube dans les capsules La paroisse vous rend visite, notamment avec le pasteur Laurent Bader et la pasteure Nathalie Monot-Senn.

Pour d’autres messages de la série « La paroisse vous rend visite » :

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2 réflexions sur “Le motif de la conversion”

  1. Merci, Elio, de ta réflexion. Elle me parle particulièrement. J’avais l’illusion que la crise du (de la) Covid aurait des effets durables sur les habitudes et mentalités, notamment sur le souci de l’autre, l’entraide et la prise de conscience que nous vivons dans un même monde à préserver et à protéger. Désillusion ! Même en Église, et j’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer à ce sujet. Désillusion : il y a eu le « forcing » catholique pour la reprise des célébrations aussi vite que possible… Désillusion.
    J’ai lu quelque part que l’humain ne fera pas de changement durable dans son existence s’ils ne sont imposés par une autorité (ex Etat). Les changements seraient-ils donc influencés et pérennes que par des interdictions/obligations ?
    J’aimerais croire que je peux, à mon échelle, changer quelque chose et certainement d’abord en moi et dans ma façon de vivre, de penser, de travailler. J’aime ton idée que si un événement peut être annulé d’un claquement de doigt, il ne mérite pas qu’on s’y engage. Et je m’accroche aussi à « Que ceux qui croient que c’est impossible n’empêchent pas les autres d’essayer ! »
    Enfin, les changements ne peuvent venir que de l’extérieur de nous ? Cela signifie-t-il que, même si nous sommes libres et responsables devant les hommes et Dieu, nous ne le sommes pas suffisamment pour initier les changements par nous-mêmes ? La situation actuelle te donne raison… Désillusion.

    1. Merci de ton retour !
      La déception est dure… mais j’ai la conviction que ce qu’on a ressenti comme un potentiel de changement était tout à fait réel, même si la conversion reste encore à vivre… et qu’elle est à prêcher du coup ! La clef : prendre le temps de la rencontre avec Jésus (méditation de la Bible, lectio divina, prière avec icône [ou autre], service du prochain [care]) pour discerner les mots et les gestes que nous devons faire nous pour attester de cette conversion au Vivant.

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