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Intervenir en théologie systématique. Points de repères

Contexte

Du 26 mai au 2 juin 2021, j’ai participé à une session de formation permanente des pasteurs de la communion protestante luthéro-réformée (CPLR). J’y intervenais en tant que théologien, avec ma spécificité en théologie systématique – en collaboration avec David Douyère et Katie Badie.

Je suis intervenu en tout sur 5 modules, qui thématisaient chacun, d’une manière ou d’une autre, la relation entre théologie et communication. Il y avait une douzaine de participantes et les thèmes abordés dans les modules que j’ai proposé étaient les suivants

  • Communication de l’Evangile et spiritualité.
  • La relation entre « numérique » et « incarnation ».
  • Le rôle des médiations (media) en théologie chrétienne.
  • Les conditions pour une présence communautaire réussie.
  • La réception de la communication d’autrui.

C’était la première fois que j’expérimentais la formation continue en tant qu’intervenant et particulièrement sur une durée d’une semaine.

Cela me donne l’occasion de réfléchir à ce que j’apporte spécifiquement en tant que théologien spécialisé en systématique/dogmatique. J’ai pu également en tirer quelques points de repères pour la prochaine fois que je donne des interventions analogues

Ce que j’apporte en tant que systématicien

En théologie systématique je considère que l’on travaille la manière de parler de Dieu. Notre travail scientifique se situe au niveau du discours, des cohérences qu’il permet et de sa force poétique.

En conséquence, lorsque j’interviens dans une formation, la spécificité que j’apporte serait la suivante : j’offre l’occasion pour un·e autre théologien·ne de travailler son propre discours, d’en développer un usage plus conscient, plus responsable, plus libre, capable de se situer dans la discussion théologique contemporaine.

Le travail que je propose se fait au niveau des métaphores utilisée pour parler de Dieu et des relations que nous établissons, en tant que théologien·nes entre différents domaines, par nos discours et pratiques – par exemple, ici, entre le domaine de la communication et celui de la théologie.

Mes points d’attentions

Dire « Dieu »

(i) je dois risquer des formulations au sujet de Dieu

Dans ce que je fais, je ne peux pas me cacher derrière une description empirique ou un panorama historique : je dois risquer une parole par rapport à Dieu qui fasse sens dans le contexte dans lequel j’interviens. La matière travaillée par mon intervention porte sur cet enjeux.

Economie de formules

(ii) je dois concentrer mes interventions autour d’idées précises ou formulations cruciales

Je ne peux pas démultiplier les idées et complexifier à outrance le discours. Ce que je propose doit permettre aux bénéficiaires de la formation d’embrayer avec leur propre discours, de prendre position à l’égard de ce que je propose dans une discussion commune. Les idées, formules, images ou autre que je pose au centre doivent être au service de la parole des personnes qui assistent à la formation.

L’apprenant·e au centre

(iii) je dois permettre aux personnes de formuler elles-mêmes quelque chose.

L’enjeu n’est pas que les personnes répètent le système que je peux proposer, mais qu’elles puissent engager leur propre discursivité par rapport à ce que je propose. Il faut en conséquence que l’animation de mon module comprenne un moment où les personnes ont l’occasion d’engager leur propre discursivité et que l’ensemble du module se mettent au service de cet effort de formulation.

Problématiser efficacement

(iv) je dois montrer par rapport à quels enjeux tel ou tel effort de formulation fait sens.

Il s’agit de faire entrer les personnes dans l’horizon du problème et d’engager leur discursivité par rapport à celui-ci. La manière la plus efficace d’accéder à cette problématisation me semble être le détour et non l’exposition frontale. Jeu, dialogue dirigé, introspection guidée, lecture du texte biblique, rite, etc. ancrent la discursivité dans la densité de l’expérience personnelle et de la communication qui la porte. C’est à partir d’elle que les enjeux et les problèmes peuvent apparaître dans la discussion commune.

Anticiper l’intervention

(v) je dois préparer les différentes éléments de l’animation un jour avant l’intervention.

Qu’il s’agisse d’un exposé, d’une structure d’animation ou de matériels pour l’animation, il ne faut pas que le matériel qui structure l’action des apprenants·es dans la formation soit improvisée sur le moment. Questions dirigées, powerpoint, support d’écriture collective, structure d’animation, ces éléments doivent être prêts en amont – avec une évaluation du timing impliqué. L’adage less is more s’applique très bien ici.

Adapter le contenu

(vi) je dois être prêt à adapter le contenu de mes modules au fil des différentes journées de la semaine.

Les besoins et les attentes d’un groupe se précisent au fil de la semaine, de même que sa manière d’être en discussion collective, etc. Il faut donc pouvoir adapter l’animation – et parfois le contenu – en fonction de ce qui se construit avec le groupe.

*

Ces éléments m’apparaissent plus clairement à la suite de cette première expérience. Je n’aurais pas pu les identifier avant celle-ci – même si j’ai pu avoir des intuitions.

Merci à Andreas, Frédéric, Caroline, Stéphanie, Stéphane, Sébastien, Noé, Pierrot, Véronique, Magali, Joëlle, Aurélie, Natacha, David et Katie pour leur confiance, leur bienveillance et la fraternité partagée durant cette semaine!

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